Le CSNE permettrait de créer des emplois ?

Le canal créé des emplois. Ceci est une évidence pour le chantier, mais la création d’emplois était également avancée sur l’ensemble du tracé grâce aux plates-formes et à la dynamisation de l’activité que le canal est sensé produire.

Manuel Valls à l’Assemblée nationale le 1er octobre 2014 : « N’oublions pas non plus l’impact économique décisif, surtout dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, du projet de canal Seine-Nord Europe. Je pense d’abord aux 12 000 emplois directs et indirects induits par la réalisation de cette infrastructure. Je pense aussi au développement des communes traversées, grâce à la création de zones d’activités.»

 

OUI, SUR LE CHANTIER, EN NOMBRE LIMITE,  AVEC UNE PROPORTION INCERTAINE D’EMPLOI LOCAL.

A L’AVENIR, L’IMPACT EST TRES INCERTAIN

 

1 – Le chantier du CSNE : un appel d’offres européen auquel répondra une multinationale, pour un nombre d’emplois locaux très limité :

 

L’appel d’offres d’un projet de 4,8 milliards répond d’abord à des caractéristiques techniques auxquelles seule une multinationale peut répondre.  

Les conditions de maitrise des coûts feront également partie du cahier des charges, et les grandes sociétés de Travaux publics maitrisent ceux-ci notamment en intervenant sur la chaine de sous-traitance dont on a pu constater sur les grands chantiers qu’elle était européenne (cf. EPR de Flamanville). Favoriser l’emploi local est d’ailleurs une condition extrêmement difficile à inscrire dans un appel d’offres. Autre exemple sur le chantier du regroupement des hôpitaux d’Amiens (budget 630 millions) où quasiment aucune entreprise locale n’a été retenue.De meilleurs exemples existent, tel l'impact du chantier du canal sous la Manche sur l'emploi local à Calais, mais le taux de chômage s'est de nouveau envolé après la fin du chantier.

 

L’impact du chantier sur l’économie régionale, souvent invoqué par les élus locaux qui défendent sans retenue le CSNE, doit être évalué avec prudence.

Le rapport Pauvros donne un chiffre de 3000 à 6000 emplois direct par an pour le chantier, auxquels il faudrait ajouter 7000 emplois indirects, pour une durée de 6 ans.

Soit une dépense publique de 630.000 euros à 1,2 million d’euros par emploi direct créé, mais pour un impact territorial incertain.

A titre de comparaison, 1 million d’euros consacrés à des travaux de rénovation de l’habitat créé 13 emplois directs, avec une très forte proportion d’entreprises locales et d’emplois locaux.  Si on appliquait le budget du CSNE à la rénovation de l’habitat dans les régions Picardie et Nord-Pas-de-Calais où vivent plus de 30% de précaires énergétiques, ceci correspondrait à près de 60 000 emplois directs (+ 30 000 indirects) et il faudrait ajouter à cette sommes les investissements privés actionnés par effet levier de l’investissement public.  

 

2 – la création d’emplois à moyen terme dans les zones d’activités : une estimation bien hasardeuse du nombre d’emplois créés :

 

Les zones d’activités étaient initialement de 4 sur 100km de canal, ce qui était purement illusoire. Elles ont été écartées du rapport Pauvros pour diminuer le coût du canal. Seul le projet de plate-forme de Nesle semble maintenu dans le projet CSNE, en laissant clairement entendre que ceci relèvera de financements supplémentaires des collectivités et des acteurs économiques.    

Les estimations d’emploi du rapport Pauvros (voir extrait ci-dessous)  sont corrélées sur :

- des prévisions de tonnage (dont le rapport IGF/CGEDD dit qu’elles sont surévaluées),

- sur un « effet réseau » de garabit 4400t (dont on a vu qu’il était en partie imaginaire

- et sur la création à venir de zones d’activités ayant reçu de nouveaux investissements inclus dans le coût initial (alors que les collectivités sont appelées au tour de table du CSNE et que leurs ressources baissent, c’est une formulation incertaine).

 

 

L’hypothèse de 50.000 emplois sur les 100km est avancée dans le rapport Pauvros, et celle-ci est étayée par une comparaison avec le Canal Albert (Belgique) alors que celui-ci est connecte directement le port d’Anvers et la ville de Liège qui constitue sa base arrière logistique. La comparaison avec la zone de Cambrai-Noyon, située à plusieurs centaines de km et de nombreuses heures de trajet du port,  est pour le moins audacieuse.

Quand aux bases nautiques, les plaisanciers devraient s’accommoder du croisement de barges mastodontes navigant à plus de 20 km/h… les conditions de sécurité rendraient impossible toute activité et les bases anciennes ou en projet (Boran, Creil…) devraient être abandonnées. Le tourisme de bateau fluvial, tel qu’il est pratiqué sur le Nil, même s’il a été invoqué sans rire par des élus locaux, reste une pure spéculation.


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