Le CSNE serait un chaînon manquant ?

Une bonne partie de l’argumentation favorable au CSNE repose sur l’idée d’un « chaînon manquant » qu’il faudrait créer pour relier ce qui est séparé. Construire un canal permettrait de relier des milliers de km de voies d’eau d’un seul coup.

Manuel Valls à l’Assemblée nationale le 1er octobre 2014 : « Ce canal est un projet structurant pour le transport : il représente le chaînon manquant qui reliera le bassin de la Seine au réseau du Nord de la France, à la Belgique et aux Pays-Bas. L’Île-de-France, qui génère 30 % de la richesse du pays avec ses 12 millions d’habitants ainsi que les grands ports de Rouen et du Havre, seront enfin connectés aux régions du Nord de la France, à la métropole lilloise, aux ports de Dunkerque et de Boulogne-sur-Mer, ainsi qu’aux grandes nations fluviales du nord de l’Europe. »

 

C’EST FAUX

1. Les réseaux fluviaux sont déjà reliés, mais par des canaux de petit ou moyen gabarit:

« Aujourd’hui, un réseau de voies navigables interconnectées existe mais il n’offre pas un gabarit suffisant pour la navigation d’unités modernes. En particulier, le canal latéral à l’Oise, le canal de Saint-Quentin, le canal de la Sambre à l’Oise et le canal du Nord sont aujourd’hui les voies navigables les plus restrictives de ce réseau. Même si elles disposent d’un intérêt économique indéniable, elles limitent la navigation aux bateaux de petit gabarit (entre 250 et 650 tonnes). » (Rapport Pauvros).

Source : VNF

 

Ces canaux historiques sont majoritairement laissés à l’abandon depuis des décennies et n’ont pas reçu les investissements nécessaires. Certains sont fermés car les ouvrages d’art sont devenus vétustes.

Le Canal du Nord permet toutefois la circulation de bateaux plus importants (750 tonnes) et permet actuellement la circulation de 5 millions de tonnes de marchandises. Sa navigation et les tonnages transportés pourraient être améliorés avec des investissements modérés.

 

2. Le projet Seine-Nord ne relie pas entre eux des projets à grand gabarit :

 

Les voies navigables situées au nord et au sud du projet Seine Nord n’ont pas la hauteur (tirant d’air) et la profondeur (tirant d’eau) pour laisser passer des bateaux de 4 400 tonnes ou accueillant 3 couches de conteneurs. Elles sont limitées durablement à 3 000 tonnes et 2 couches de conteneurs.

 

Gabarits des différents canaux : au nord d’Aubencheul-au-bac et au sud de Compiègne, les canaux sont de classe Va, aux dimensions insuffisantes pour permettre le passage de convois de 4 400 tonnes.

 

Le chaînon que constitue le CSNE est en réalité un « chaînon isolé » de grand gabarit sans connexion, comme l’illustre cette carte du réseau fluvial grand gabarit permettant le passage de bateaux transportant 3 couches de conteneurs (source : www.clac-info.fr).

 

Ceci s’explique par les conditions géographiques et physiques complexes et coûteuses pour créer des canaux sur des zones avec relief et sans eau, pour relier des bassins versants entre eux.

 

3. Les zones sont déjà reliées entre elles par des ports. Le canal Seine Nord est parallèle à la Manche:

 

Les ports du Havre et de Rouen sont la porte d’entrée naturelle de l’Ile-de-France, avec une porte d’entrée francilienne à Gennevilliers.

Les grandes agglomérations du nord de la France sont davantage concernées par les ports de Dunkerque, de Calais et les ports belges.

Le projet CSNE constitue en réalité l’Hinterland (percée terrestre) des ports d’Anvers et de Rotterdam, et il affaiblirait mécaniquement la place des ports français (tout en rallongeant le nombre de kilomètres parcouru).

Pourtant, il existe déjà un Canal à Très Grand Gabarit naturel pour relier l’ensemble de ces bassins, c’est la Manche.

Alors pourquoi construire un canal à grand gabarit pour relier le bassin parisien à Rotterdam quand il est à portée du Havre et de Rouen ?

 


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